La ville créative : la culture comme vecteur d'attractivité
Depuis une décennie, les villes sont de plus en plus nombreuses à baser leur politique de développement territoriale sur la culture et les arts. Désormais, la culture est vue comme un moyen de se développer économiquement et de rendre une ville attractive, et non plus comme une activité de divertissement. En effet, les métropoles, mues par la nécessité d’exister à l’échelle régionale tout autant qu’à l‘échelle continentale et mondiale, élaborent des stratégie de développement économique prenant appui sur la culture. A côté des pôles de compétitivité scientifique, ce sont crées des clusters créatifs qui rassemblent différentes activités créatives (arts, culture, nouvelles technologies, communication).
Le cercle vertueux culturel pour l'attractivité des villes
Le concept de « ville créative » (de Charles Landry) va avoir une influence sur les politiques d’aménagement du territoire dès les années 90, à commencer par les anciennes villes industrielles de Grande-Bretagne comme Glasgow. De plus en plus de villes occidentales ont intégré les préceptes des industries créatives : avoir une image créative permet de rendre une métropole attractive et donc de convaincre les populations, les touristes et les entreprises de s'y installer. Richard Florida, lui, attribuent un rôle capital à la catégorie de population qu'il appelle "la classe créative". Selon lui, plus une ville réussira à attirer cette fameuse classe créative, plus elle sera attractive et plus elle sera prospère économiquement. Cette vitalité économique permettra d'attirer d'autes individus appartenant à la classe créative, dans un cercle vertueux. En effet, la théorie des industries créatives lient la compétitivité d’un territoire à la présence de travailleurs créatifs (artistes, stylistes, artisans d’art, publicitaires, architectes et designers) tout autant qu’à celle des scientifiques. Pour la première fois, un nouveau rôle est attribué aux artistes, aux travailleurs créatifs qui deviennent synonymes de dynamisme économique. Il est bien loin le mythe de l'artiste bohème, pauvre mais libre! Ce modèle de développement territorial a d’ailleurs été concrétisé par un label officiel : le réseau des villes créatives de l’UNESCO.
Se développer autour d'un thème culturel
Le but des théories de développement basé sur les industries créatives est de miser sur une activité ancrée dans le territoire depuis longtemps. Ainsi, la Seine-St-Denis a investit pour créer un quartier autour du cinéma. La Cité du Cinéma rassemble des entreprises et une École de cinéma dans le but d’être plus visible et d’attirer des clients internationaux.Ce choix de développement n'est pas un hasard: le nord de Paris a toujours été un lieu lié au cinéma et à la télévision. Avant même ce projet, il y avait une cinquantaine de studios de télévision à la Plaine St Denis ainsi qu'une quinzaine de plateaux de cinéma. Même si la stratégie de développement territorial ne s'appuie pas sur un savoir-faire local, dans tous les cas, il faut choisir un domaine sur lequel la ville peut se détacher des villes concurrentes. Ainsi une ville comme St Etienne a construit sa nouvelle identité autour du design, ce qui lui a permis de changer son image. De même, Nantes a beaucoup investit dans la culture et l'art contemporain en lançant des dispositifs innovants.
Organiser un événement culturel pour promouvoir sa ville
Toutes les villes n'intègrent pas la culture au coeur de leur développement territorial. Mais la majorité utilisent la culture et les arts lors d'événements ponctuels qui leur permettent de communiquer sur leur ville. Ainsi, les festivals, les nouveaux musées, les expositions temporaires se multiplient. Leur avantage? Augmenter le tourisme et donner une image positive de la ville. Les labels officiels sont aussi plébiscités par les villes, comme par exemple le label "Ville d'art et d'histoire" octroyé par le Ministère de la Culture et de la Communication. Ainsi, Beauvais a reçu ce label et espère que cela mettra mieux en valeur son patrimoine médiéval. Ces évènements culturels attirent un large public et sont médiatisés dans la presse locale. voire nationale Le meilleur exemple reste Marseille, capitale européenne de la culture 2013, qui, entre l'ouverture du Musée des Civilisations Méditerranéennes (MuCEM) et les nombreuses animations culturelles proposées, voit le nombre de touristes croitre depuis le début de l'année. C'est aussi surtout l'opportunité de faire parler de la ville en des termes positifs plutôt que sous l'angle de la délinquance, angle sous lequel la ville est habituellement traitée dans les médias.
Images: quartier de la création de Nantes/ Logo ville de St Etienne/ vue de Marseille et du MuCEM